Emmy Noether [1] [2]

Emmy Noether est née le 23 mars 1882 à Erlangen en Bavière. Elle est la fille de Max Noether et de Ida Kaufmann. Son environnement intellectuel durant son enfance était plutôt privilégié. En effet, son père était un mathématicien ayant remporté le prix Steiner en 1882.

Au départ, Emmy s'oriente vers l'étude des langues et réussit un examen lui permettant d'enseigner l'anglais et le français dans un établissement féminin. Alors qu'elle s'inscrit à l'université en tant qu'auditrice, les registres de l'époque évoquent, une auditrice et 984 étudiants ! Elle y suivra des cours de langue et d'histoire. Cependant, en 1904 les universités s'ouvrent vraiment totalement aux femmes, elle s'y inscrit à Erlagen après avoir suivi des cours à Göttingen auprès de K. Schwarzchild, F. Klein et D. Hilbert. Cette fois elle se consacre uniquement aux mathématiques.

Poursuivant ses études, c'est sous la direction de P. Gordon qu'elle effectue sa thèse. Il semblerait que ce ne fût pas une expérience très agréable pour elle. En parlant de cette thèse elle dira : ``... qu'il valait mieux ne pas en parler...''. Elle travaillera ensuite bénévolement en mathématique à Erlangen pour aider son père à la santé fragile.

En 1915, elle est invitée à Göttingen par F. Klein et D. Hilbert. Du coté de la physique, le trio résoudra le problème de l'apparente non-conservation de l'énergie de la théorie des champs classiques qu'est la Relativité Générale. La solution est issue des théorèmes qui seront nommés d'un commun accord Théorème de Noether. C'est essentiellement ce qui reste d'elle à l'esprit du physicien moderne. A cette époque Einstein écrivit à Hilbert pour lui dire le plus grand bien qu'il pensait des travaux de Emmy. Il est vrai que ce théorème joue un grand rôle dans la mécanique aussi bien classique que quantique, il est une pierre angulaire de la compréhension des quantités conservées dans un système dynamique et de leurs rapports aux symétries d'un système. D'un point de vue purement mathématiques les développements d'Emmy semblent, d'après P. Dubreuil, bien plus importants. Elle est, pour lui, la véritable mère de toute l'algèbre moderne. Le mathématicien lira avec profit les pages qu'il a dédiées à ces developpements mathématiques que l'on peut retrouver dans l'un des Cahiers de séminaires d'histoire des mathématiques [2].

Il est important de faire remarquer que durant un gros laps de temps, Madame Noether publia et travailla à Göttingen sans salaire et sans poste parce qu'elle était une femme. Cela mit très en colère Hilbert. On raconte qu'il aurait déclaré en pleine séance du conseil de l'Université : ``Je ne vois pas en quoi le sexe d'un candidat est un argument contre son admission. Après tout nous sommes une Université pas un bain publique !''. En 1919 on lui accordera son habilitation à donner des conférences et à être payée pour cela.

En 1933 elle sera à nouveau interdite d'exercer, parce que juive mais aussi parce que femme, ainsi le veut le Reich naissant : ``Kirche, Kinder, Kürche'' pour la gente féminine.

Elle immigrera alors en Pennsylvanie en 1934 où elle travaillera dans un collège pour filles à Bryn Mawr. Elle sera assez dépaysée par cet environnement, loin de la recherche de pointe. Elle effectuera quand même des conférences à Princeton. Elle meurt brutalement le 14 avril 1935 des suites d'une complication post-opératoire. Elle n'aura jamais bénéficié d'un poste à Princeton où elle se sentait bien plus dans son élément. La prestigieuse Université lui préférera un homme, R. Brauer, pour son groupe d'algèbre. H. Weyl dira d'elle : ``Elle fut un grand mathématicien [...] Mais elle fut aussi une femme de grande classe''.

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Références

[1] Women in Physics in Fermi's Time, Nina Bayers (Proceedings of the International Conference “Enrico Fermi and the Universe of Physics”, Rome, September 29 – October 2, 2001
[2] Emmy Noether, Paul Dubreil, Cahier de séminaire d'histoire des mathématiques, tome 7 (1986): 15-27.