Sofia Kovalevskaïa est née le 15 janvier 1850 à Moscou. Elle est issue d'une famille aristocratique. Son père est le Général Vasily Vassilievitch Korvin-Krukovsky et sa mère Elisabeth Shubert. Quelque temps après, la famille part vivre à la campagne. A cette époque Sofia se voit devenir poète. Elle écrit des poèmes mais ne les conserve que dans sa mémoire, cette activité étant plutôt mal vu par son institutrice. Elle lit beaucoup également.
Les deux personnes qui l'a feront basculer dans l'amour des activités intellectuelles sont sans conteste ses deux oncles Pierre Vassilievitch Korvin-Krukovsky et Théodor Schubert. Le premier est un être très particulier, excentrique mais d'une grande culture. Sa venue est toujours la promesse de grands débats à la maison. Il parle notamment de mathématiques dont il a quelques notions. Le second discute également beaucoup avec Sofia de science. Autre origine de fascination scientifique : le papier peint venant à manquer dans la chambres des enfants, les murs étaient couverts d'anciens cours de calcul intégral et différentiel d'Ostrogradsky. La jeune Sofia ne comprendra rien à ces écritures mais les observera longtemps, essayant de rapiécer les différentes parties éparpillées sur le mur. Elle raconte que cela l'a aidé lors de ses premiers cours de calcul différentiel car rien ne lui était étranger.
Entre 1860 et 1870 se produit une scission des générations en Russie. De nouvelles idées venues des villes inondent les campagnes. Les filles cherchent alors à se libérer du joug patriarcal. C'est dans ce cadre que sa sœur Aniouta, se met à écrire. C'est ainsi qu'après une forte réticence, son père accepte qu'Aniouta rencontre Dostoïevski qui trouve son travail intéressant. Sofia fera partie du voyage, cela nourrira sans nul doute sa curiosité littéraire.
Convaincu par un ami de la famille qui a remarqué les dons de Sofia, Vasily Vassilievitch laisse sa fille faire des études en sciences. En 1868 elle se marie à un jeune géologue Voldmar Kovalevsky. Il s'agit d'un mariage blanc contracté afin d'obtenir son indépendance. Elle restera cependant très proche de cet homme. En 1869 ils partent tous les deux à Heidelberg où elle étudiera les mathématiques. En 1870 elle part à Berlin suivre les cours de Weierstrass. L'Université est alors interdite aux femmes et elle demandera des cours particuliers au père de l'analyse. Il l'a mettra à l'épreuve et avant de l'accepter comme élève, lui soumettra quelques problèmes difficiles. En une semaine Sofia a réussi à les résoudre aussi bien que les meilleurs élèves de Weierstrass.
Elle obtiendra son doctorat en 1874, grâce notamment à un travail : Sur la théorie des équations aux différences partielles, et ce sans se présenter en personne. Elle exprime ses motivations à ne pas passer l'examen oral dans une lettre adressée au Doyen de la faculté de Göttingen; il y est question de manque d'assurance à l'oral et d'une faible maîtrise de la langue allemande. La valeur de ses dissertations ainsi que les excellentes recommandations dont elle dispose lui feront obtenir cette rare dispense. Ce manque d'assurance ainsi qu'une inaptitude totale à toute activité d'ordre pratique marqueront son caractère durant toute sa vie.
Après un retour en Russie et l'arrêt de son activité scientifique, le professeur Gösta Mittag-Leffler, militant pour l'égalité homme-femme lui obtient le droit de donner des conférences privées à Stockholm. Ce droit se muera d’abord en un poste de professeur pour une durée de 5 ans puis en un poste permanent. A cette même époque, il était encore interdit à Sofia de simplement suivre des cours à Berlin. Elle reprend alors un travail scientifique et en parallèle commence une collaboration littéraire avec Anne-Charlotte Leffer la sœur de Gösta.
En 1888 elle reçoit le prix Brodin dont le sujet était : Perfectionner en un point important la théorie du mouvement d'un corps solide. Elle meurt en 1891 d'une infection pulmonaire. Anne-Charlotte Leffer écrira d'elle : ``[...] elle a vécu avec intensité, bu à la coupe du bonheur et de la tristesse, nourri son intelligence aux sources de la science, gravi des hauteurs où l'imagination seule peut élever [...]''.
Retour vers : Femmes et physique